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SOMETHING GREAT
26 décembre 2010

#355 | Feminist Sunday: Assange & Rape Follow-Up

Je vais encore parler de ça, et beaucoup. Les accusations de viol de Julian Assange, donc. Je sais que la plupart de mes lecteurs ne lisent quasiment jamais ce que je poste le dimanche, mais honnêtement, ce n'est pas comme si ça m'importait tant que ça. L'important, c'est de parler. En tant que femme et survivante de viol. De ne jamais laisser les autres parler à notre place.
Donc. Exactement comme la semaine dernière, on a deux ou trois types (notamment Michael Moore et Keith Olbermann) qui défendent Julian Assange contre les accusations de viol dont il est accusé. Qui font des campagnes de diffamation contre les deux plaignantes. [Moore s'est expliqué/"excusé" depuis. Ça ne change pas le propos.] Ça ne veut dire qu'un viol potentiel est moins important que WikiLeaks. Ça veut dire "je le connais, c'est un type bien, pas un violeur". Je vais vous dire un truc. On est des millions dans ce cas-là. Des milliers à avoir été violées par le proverbial "type bien", des milliers à ne jamais avoir porté plainte ni même parlé de ce qui nous était arrivé, de honte, de peur d'être accusée de mentir, de s'être mal comportée, de l'avoir cherché, d'essayer d'attirer l'attention. Faire passer une accusation de viol après quoi que ce soit, c'est perpétuer le patriarcat. C'est dire aux femmes -- pas seulement aux survivantes de viol, mais à toutes les femmes -- qu'elles sont moins importantes que les choses sérieuses, vous savez, les histoires des hommes.
Il y a donc des filles (Sady notamment) qui ont simplement pris position sur leur blog contre Moore et Olbermann, et qui se retrouvent aujourd'hui menacées de mort. Et de viol. Par des trolls.

Je vous invite à jeter un coup d'œil à cet article de Sociological Images et à celui-ci de The Hathor Legacy.
Quel est le rapport ? Nous savons depuis longtemps que le féminisme est relativement accepté, jusqu'à ce que l'Homme se sente menacé, c'est-à-dire à chaque fois que le féminisme fait son boulot. Nous savons aussi que l'homme qui a du succès aujourd'hui, celui qui réussit dans son travail et dans sa vie sociale, correspond presque exactement au profil psychologique du violeur (à ce sujet, je vous invite également si vous ne l'avez pas déjà fait à lire l'article Wikipedia suivant, qui a le mérite de fournir des bases : rape culture, ainsi que l'article suivant, qui devrait dissiper d'éventuels doutes à la lecture de l'article Wikipedia rape culture 101).
Personne n'a jamais prétendu que l'arrestation d'Assange était une coïncidence. Mais ça ne veut pas dire, en aucun cas, que ces viols n'ont pas eu lieu. Est-il si difficile d'accepter que quelqu'un puisse faire à la fois de bonnes et de mauvaises choses ? Nier la potentielle validité des accusations de viol, c'est dire de la manière la plus éhontée qui soit qu'une femme ne compte pas, que le corps de certaines femmes ne leur appartient pas et peut être utilisé sans conséquence. Quand je lis ce genre de choses, je me dis que décidément, il reste presque autant de chemin à parcourir que depuis 1949. Mais c'est pas grave. On va le faire. Après ce que j'ai vécu, et ce que des millions d'autres femmes ont vécu, je ne laisserai personne dire que ça ne compte pas, que c'est négligeable. Plus nous serons à parler, plus il sera difficile de ne pas nous entendre (si vous avez besoin d'une raison supplémentaire, il y a ça). Ça me prend du temps d'écrire cet article, comme ça me prend du temps de faire ce blog en général, et ce n'est pas forcément agréable, mais  je le fais quand même parce que c'est quelque chose qui m'importe. Si je dois avoir un jour une fille qui naîtra dans un monde aussi prompt à légitimer le viol que celui qui m'a vue naître, qu'au moins je ne puisse pas dire que je n'ai rien fait contre.

D'autre part, sur les accusations elles-mêmes. Le sexe sans préservatif quand on a expressément posé le préservatif comme condition sine qua non. Les filles ont quelque chose que les hommes n'ont pas. Vous savez, l'utérus -- la machine à bébés. Insister pour coucher avec une femme sans préservatif, au-delà d'une irresponsabilité totale en ce qui concerne les IST, c'est se foutre totalement du fait qu'elle peut tomber enceinte. Autrement dit, forcer une femme à coucher sans préservatif, c'est prendre le risque de lui faire subir une grossesse non désirée ou un avortement. Dans le genre viol, je ne sais pas ce qu'il faut de plus.

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PDD48
PDD51

Fuck Yeah, Privilege Denying Dude!

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Résumé de l'affaire :
The Perils of Charging Rape by Amanda Marcotte at Slate.com
Les femmes accusant Julian Assange méritent d'être prises au sérieux par Amanda Marcotte, trad. Peggy Sastre, sur Slate.fr

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This is rape culture at work. This is why we object to events you consider harmless, like women being sexually harassed every time they reveal their gender at gaming forums. Trolls always have an excuse, a good reason. But what it boils down to is: women should know their place as second-class citizens, and when they forget, it is the duty of all manly men to remind them “We can rape you until you shut up, bitch.”

[C'est ce qu'on appelle rape culture. C'est pour ça qu'on s'oppose à des événements que vous considérez bénins, comme le harcèlement sexuel des femmes chaque fois qu'elles révèlent qu'elles sont des femmes sur des forums de jeux vidéo. Les trolls ont toujours une excuse, une bonne raison. Mais ce à quoi a revient, c'est : les femmes devraient rester à leur place de citoyens de seconde classe, et quand elles ne le font pas, c'est le devoir de tout homme viril que de leur rappeler : "On peut te violer jusqu'à ce que tu la fermes, salope."]

Trolls defend Assange against rape accusations by threatening rape by Jennifer Kesler at The Hathor Legacy

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You never do it,  EVER, because it happens over and over to every woman who reports that a celebrity raped her, to women who just report that high-profile members of their own communities raped them, even in fucking so-called ‘progressive’ communities, they just get harassed and smeared and threatened and their accusers’ friends make life unsafe for them, and the people who support their accusers make life unsafe for them, the fucking AUTHORITIES and JOURNALISTS, they REPORT THIS SHIT and they MAKE LIFE UNSAFE FOR THEM, and they eventually get so scared, so scared for their own goddamned safety, so scared that they might get raped again or killed, so beaten-down emotionally from everyone in the world calling them sluts and whores and bitches and liars, it happens to women who have actually been raped, they just get so scared and so fucking beaten-down and so tired that they literally cannot cope, and this is happening when they’ve already JUST BEEN FUCKING RAPED, they’re already dealing with one of the WORST THINGS that can ever happen to a human being, one of the most traumatizing things, shit that gives people life-long PTSD, it has just happened to them, and it is fresh, and the world hates them, the world is spreading hatred toward them, they have fans and supporters and celebrities and journalists telling everybody that they’re evil lying whore sluts, no matter what they say, they wanted it, because they’re stupid fucking lying evil CIA bitches and you should hate them. You should hate them because they say they've been raped.

[Ça ne se fait JAMAIS, parce que ça arrive tout le temps à chaque femme qui affirme qu'une célébrité l'a violée, aux femmes qui dénoncent des membres importants de leur propre communauté, mêmes dans les foutues communautés "progressives" ("de gauche"), elles sont harcelées, traînées dans la boue et menacées et les amis de ceux qui les accusent rendent leur vie dangereuse, et les personnes qui supportent ceux qui les accusent rendent leur vie dangereuse, et les foutues AUTORITES et les JOURNALISTES, ils SIGNALENT CETTE MERDE et ils RENDENT LEUR VIE DANGEREUSE, et en fin de compte elles sont tellement effrayées, elles ont tellement peur pour leur propre sécurité, peur d'être à nouveau violées, ou tuées, elles sont si détruites que tout le monde les traite de putes, de salopes et de menteuses, ça arrive à des femmes qui ont vraiment été violées, elles ont si peur et sont tellement en morceaux et fatiguées qu'elles ne peuvent littéralement pas faire face, et ça arrive quand elles VIENNENT JUSTE D'ETRE VIOLEES, elles ont déjà à faire face à l'une des PIRES CHOSES qui peuvent jamais arriver à un être humain, l'une des plus traumatisantes, une merde qui en laisse certains avec un stress post-traumatique à vie, ça vient juste de leur arriver, c'est récent, et le monde les hait, le monde répand de la haine envers elles, il y a des fans, des supporters, des célébrités et des journalistes qui disent à tout le monde qu'elles sont des salopes diaboliques et menteuses, quoi qu'elles disent, elles l'ont cherché, parce qu'elles sont des salopes stupides, diaboliques et menteuses de la CIA et vous devez les haïr. Vous devez les haïr parce qu'elles disent qu'elles ont été violées.]

#MooreandMe: Four Days Outside the Tower. I’m Scared. I’m Tired. I’m Crying. And I Won’t Stop. by Sady at Tiger Beatdown

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We require — not ask, not prefer, absolutely require – progressive media and public figures to stand against rape in every case. Again, this is not negotiable. This is mandatory. This is a requirement: If you don’t stand against rape, and make that stand a crucial and central part of your platform, we do not accept you either as a real “progressive” or as someone who is in any way qualified for authority or a leadership position. We will not buy your merchandise; we will not support you; we will speak out against you. Because a progressive movement that doesn’t stand against rape isn’t a progressive movement. It’s just The Man, it’s just the oppressor, it’s just oppression, in a baseball hat, holding a camcorder.

[Nous exigeons -- nous ne demandons pas, nous ne préférons pas, mais nous exigeons absolument -- que les média progressifs et les figures publiques prennent position contre le viol dans tous les cas. Ce n'est pas négociable. C'est obligatoire. C'est une exigence: si vous ne prenez pas position contre le viol, et ne faites pas de cela une partie centrale de votre tribune, nous ne vous accepterons pas comme un vrai "progressif" ni comme quelqu'un qui est de quelque manière que ce soit qualifié pour une position d'autorité ou de leadership. Nous n'achèterons pas votre marchandise, nous ne vous soutiendrons pas, nous nous prononcerons contre vous. Parce qu'un mouvement progressif qui ne se positionne pas contre le viol n'est pas un mouvement progressif. C'est juste L'Homme, c'est juste l'oppresseur, c'est juste l'oppression, avec une casquette de baseball, un caméscope à la main.]

#MooreandMe: On Progressives, Rape Apologism, and the Little Guy by Sady at Tiger Beatdown

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Much discussion of the accusations against Assange bears a striking resemblance to the sexist way our society almost always talks about sexual assault. Conversation devolved quickly into attacks on the women involved. There is sneering about tight, pink sweater dresses and disbelief that a woman who said "yes" once, might say "no" later. There is a denial that it is rape when a woman says "Yes, I would like to have sex with you, but only with protection" and her partner holds her down and forces her to have sex unprotected. If true, that's rape. [...] Every so often, we need to be reminded that the needs and experiences of white, Christian, heterosexual, able-bodied and male folk are as privileged among progressives as anyplace else.

[Une grande partie des débats sur les accusations contre Assange ressemble de manière frappante à la manière sexiste dont notre société parle presque toujours d'agression sexuelle. La conversation s'est rapidement transformée en attaques des femmes impliquées. On voit des railleries à propos de robes roses moulantes et de l'incrédulité à l'idée qu'une femme qui a d'abord dit "oui" puisse dire "non" ensuite. On nie que c'est un viol quand une femme dit "Oui, je voudrais coucher avec toi, mais seulement avec protection" et que son partenaire la force à avoir un rapport sexuel non protégé. Si c'est ce qui s'est passé, c'est un viol. [...] De temps en temps, on a besoin qu'on nous rappelle que les besoins et expériences des hommes non handicapés, hétéros, chrétiens et blancs sont aussi privilégiés chez les progressifs que n'importe où ailleurs.]

Every so often we are reminded... by Tami at What Tami Said

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