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SOMETHING GREAT
25 juin 2010

#171 | El Robinson urbano

Cada año Robinson espera la primavera fría de noviembre para dejarse ir a la deriva, sin culpa ni deseos, hacia las plazas iluminadas o los bares tristes del atardecer, cada año noviembre lo invita a un secreta comemoración de todos sus naufragios incurables. Urgido por una lealtad antigua, a eso de las cinco de la tarde se peina como un enamorado ante el espejo, se pone la chaqueta, guarda el tabaco y las cerillas e irrumpe en la calle parra buscar en ella una aventura o cita que sólo están en su memoria: en esa parte de la memoria dónde uno guarda las cosas que nunca sucedieron pero que estaban dibujadas en la luz amarga de noviembre. Yo he visto esa luz, esos hondos azules y morados, en los pichos de la Sierra Mágina que limitan al sur el valle del Guadalquivir y en un cuadro de Joan Miró donde él mismo escribió unas palabras que eran como une pintada de caligrafía escolar sobre el encalado azul de una pared: Éste es el color de mis sueños.

[Tentative de traduction :
Chaque année Robinson attend le printemps froid de novembre pour se laisser aller à la dérive, sans culpabilité ni désirs, vers les places illuminées ou les bars tristes de la tombée du jour, chaque novembre l'invite à une secrète commémoration de tous ses naufrages incurables. Poussé par une loyauté ancienne, vers cinq heures du soir, il se peigne comme un amoureux devant le miroir, il met sa veste, il range le tabac et les allumettes et fait irruption dans la rue pour y chercher une aventure ou un rendez-vous qui existent seulement dans sa mémoire : dans cette partie de la mémoire où l'on range les choses qui ne sont jamais arrivées mais qui sont dessinées dans la lumière amère de novembre. Moi, j'ai vu cette lumière, ces profonds bleus et violets, dans les pics de la Sierra Mágina qui délimitent au sud la vallée du Guadalquivir et dans un tableau de Joan Miró où lui-même a écrit des mots qui étaient comme un graffiti scolaire sur la peinture bleue d'un mur : C'est la couleur de mes rêves.]

Antonio Muñoz Molina · El Robinson urbano

C'est dommage, parce que je m'aperçois en traduisant, non pas que je me suis laissée emporter par la mélodie de la langue exotique, ni que je ne suis pas vraiment bonne en traduction, mais plutôt que ce texte, en français, n'est plus que la moitié de son texte espagnol. Qu'il y a des choses qui sont dépendantes de la langue dans laquelle elles sont exprimées, qui tombent à plat quand on tente de les traduire (et que le métier de traducteur est totalement quichottique). Ce n'est pas une nouveauté absolue, mais ces dernières années j'ai réussi à dompter l'anglais et il ne me réserve plus autant de surprises.
Aussi, amargo exprime tellement mieux l'amertume qu'amer.

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